L’exception culturelle n’est pas négociable, M. Barroso !

23 avril 2013 par - Vue(s) d'Europe

Hier, près de 80 grands noms du cinéma européen ont pris leur plume pour interpeler le Président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, afin de demander l’exclusion des services audiovisuels et cinématographiques des futures négociations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis.

Les mots sont vifs et durs. Ils sont à la hauteur du sentiment de trahison qui a été ressenti par ces cinéastes à la lecture du projet de mandat de négociation mis sur la table par la Commission européenne.

Ce président de la Commission qui tient table ouverte chaque mois avec des artistes, qui n’a de cesse de témoigner de sa grande cinéphilie, de faire de son admiration sans bornes pour les créateurs un étendard, est bien le même que celui qui a décidé de sacrifier la diversité culturelle sur l’autel des prétendus intérêts commerciaux de l’Union. C’est d’ailleurs plus sûrement le sien qu’il entend protéger en garnissant son bilan à la tête de la Commission d’un accord commercial avec les Etats-Unis.

Avec ce projet de mandat de négociation, ce président aura trahi les cinéastes. Il aura aussi porté un rude coup à cette belle idée de la diversité culturelle. Qu’il est loin le temps où la Commission européenne se réjouissait de ratifier pour l’ensemble de l’Europe la Convention de l’UNESCO de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et de l’intégrer dans son ordre juridique ! Qu’il est loin le temps où la Commission européenne soutenait toutes les initiatives pour inciter les Etats aux quatre coins du monde à ratifier la convention !

En proposant de jeter aux orties les principes de la Convention et notamment le droit souverain des Etats de mener des politiques de soutien à la création, la crédibilité de la Commission est largement entamée. Avec elle, le discrédit est malheureusement aussi jeté sur la Convention dont la fermeté des principes ne semble guère résister à l’idéologie libre-échangiste en cours à Bruxelles.

Que dira-t-on demain aux pays en voie de développement qui ont été convaincus par l’Europe d’apporter leur signature à la Convention pour mieux protéger leur création ? Que l’Europe a changé d’avis ? Que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ?

En réalité, M. Barroso est un irresponsable qui dévalorise le combat de tous ceux qui ont œuvré à l’élaboration de cette convention internationale et continuent quotidiennement à défendre le droit de résister à l’uniformisation culturelle et de soutenir les créations locales. Il est aidé dans cette entreprise par M. de Gucht, son Commissaire européen au Commerce, qui, déjà poursuivi pour fraude fiscale en Belgique, pourrait aussi l’être pour mensonge éhonté après le communiqué publié hier soir. Il y maintenait, envers et contre tout, une version bonne à endormir les jeunes enfants : la Commission est très attachée à l’exception culturelle et ne la négociera jamais avec les américains.

Alors, une seule question, MM. Barroso et de Gucht : pourquoi ne pas exclure les services audiovisuels et cinématographiques du mandat de négociation ? Cela serait tellement plus clair !

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