Soutenir la téléréalité au nom de la culture : à Bruxelles, tout semble possible !

7 octobre 2011 par - Vue(s) d'Europe

Récemment, la Commission Européenne a commandé à quelques consultants une étude sur la mise en œuvre de la directive sur les services de médias audiovisuels. Tout n’est évidemment pas à jeter dans les commentaires et propositions qui sont ressortis lors de la présentation de cette étude en cours de finalisation mais à la lecture de l’une d’elles, les bras nous en sont tombés : il s’agirait ni plus ni moins d’étendre la notion d’œuvres européennes « qualifiantes » à l’information, aux programmes de sport ou encore à la télé-réalité.

Auraient donc droit à bénéficier de la protection des politiques culturelles ces programmes qui pourraient ainsi être décomptés par les chaînes de leurs obligations d’investissement et de diffusion.

Curieuse conception de la culture et de la philosophie du soutien à la création ! Jusqu’alors, il était convenu que les obligations d’investissement des diffuseurs poursuivaient deux objectifs, l’un industriel avec la création d’une industrie européenne de la production ; l’autre culturel avec l’appui apporté aux œuvres qui expriment la diversité de la création et des expressions culturelles européennes. Ces œuvres sont naturellement celles qui, sans intervention publique, ne seraient pas diffusées en raison de la très forte concurrence des programmes ou œuvres extra-communautaires, notamment américaines, à laquelle ils sont soumis ou ne seraient même pas produites en raison de leur difficulté à trouver sur le marché les investissements nécessaires.

En un trait de plume, quelques consultants proposent de ne conserver que la logique industrielle et de passer par pertes et profits l’ambition culturelle, qui justifie pourtant toute la légitimité des politiques culturelles et leur statut dérogatoire aux règles draconiennes régissant les aides d’Etat et la concurrence en Europe.

Cette démarche est un cas d’école sur la manière de scier la branche sur laquelle on est assise et de ravaler dans le même temps l’exigence culturelle européenne au tournage de publicités, d’exhibitions de personnages en mal de notoriété ou de ventes par télé achat d’outils et d’ustensiles nécessairement indispensable.

Nous nous sommes beaucoup battus en France pour obtenir une protection spécifique et un soutien appuyé pour les œuvres patrimoniales pour les distinguer d’œuvres audiovisuelles aux contours flou. Ce n’est pas après avoir obtenu le recentrage des obligations des diffuseurs autour de ces œuvres patrimoniales, constituées par la fiction, les documentaires de création, l’animation, le spectacle vivant et les vidéo-clips, que nous abandonnerions nos exigences à Bruxelles.

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